Arrêt définitif de Tihange 1 à minuit

C’est une page d’histoire énergétique qui se tourne : ce 30 septembre à minuit, le réacteur Tihange 1 cessera définitivement de fonctionner. Après près d’un demi-siècle à alimenter la Belgique en électricité, l’installation iconique de Huy tire sa révérence. Une décision attendue, mais qui ne laisse personne indifférent.

Un arrêt programmé

Construit dans les années 70, Tihange 1 aura tenu bon bien au-delà de sa durée de vie initiale. Plusieurs prolongations avaient déjà repoussé l’échéance, mais cette fois, c’est la fin. Selon nos confrères du Soir, Engie confirme que la fermeture sera effective à minuit pile, quand les aiguilles franchiront le 1er octobre. La célèbre tour de refroidissement cessera alors de cracher sa vapeur, un symbole fort pour toute une région.

Un choc pour Huy

À Huy, la nouvelle ne passe pas inaperçue. Le bourgmestre Christophe Collignon (PS) a confié à RTL Info que la perte est « difficile à comprendre », rappelant que la centrale rapportait chaque année entre 4 et 6 millions d’euros de recettes fiscales à la commune. Un budget colossal qui permettait de financer des infrastructures locales et des services publics. Sa disparition forcera la ville à revoir sérieusement ses finances.

Côté humain, une centaine d’emplois directs sont concernés. Pas de licenciements secs annoncés : Engie promet des solutions de reclassement, soit vers le réacteur Tihange 3 (toujours en activité), soit vers les opérations de démantèlement, soit via des formations internes. Mais dans les couloirs, l’émotion reste vive. Plusieurs travailleurs parlent d’un « pincement au cœur » après avoir passé une carrière entière à veiller sur ce colosse de béton.

Qu’est-ce que ça change pour l’énergie belge ?

Avec Tihange 1 hors service et Tihange 2 déjà à l’arrêt depuis 2023, seule l’unité 3 continuera de fonctionner sur le site de Huy. La Belgique perd donc une part non négligeable de sa capacité nucléaire. Pour compenser, Engie mise sur une nouvelle centrale au gaz à Flémalle, attendue pour décembre, ainsi que sur une montée en puissance des énergies renouvelables et du stockage par batteries. Mais certains experts interrogés par nos confrères de La Libre soulignent que l’équilibre du réseau sera délicat à maintenir, surtout en hiver.

La dépendance accrue aux importations d’électricité ou aux centrales fossiles de secours inquiète les défenseurs du climat, qui redoutent un recul par rapport aux objectifs de décarbonation. Un paradoxe : fermer un réacteur nucléaire, c’est réduire le risque lié aux déchets et à la sûreté… mais c’est aussi potentiellement augmenter les émissions de CO₂ à court terme.

Entre nostalgie et avenir incertain

Pour les habitants de Huy, la tour de Tihange fait partie du paysage depuis toujours. L’imaginer silencieuse provoque un mélange de fierté et de mélancolie. Certains y voient la fin d’une époque industrielle, d’autres une étape nécessaire pour tourner la page du nucléaire. Quoi qu’il en soit, le démantèlement complet prendra des décennies : le site restera donc une présence imposante encore longtemps.

En parallèle, le gouvernement fédéral et Engie devront répondre à une question clé : comment garantir la sécurité d’approvisionnement sans Tihange 1 ? Le débat sur l’énergie en Belgique est loin d’être clos, et l’arrêt de ce réacteur ne fera qu’alimenter les discussions.

Ce qu’il faut retenir

• Tihange 1 s’arrête ce 30 septembre à minuit, après près de 50 ans de fonctionnement.
• La commune de Huy perd entre 4 et 6 millions d’euros de recettes fiscales par an.
• Environ 100 travailleurs sont concernés, mais Engie promet des reclassements et formations.
• L’équilibre énergétique belge reposera davantage sur le gaz, les importations et les renouvelables.
• Le site restera présent durant des décennies à travers le démantèlement progressif.

Un chapitre se ferme, une nouvelle ère s’ouvre. Mais ce soir, quand la tour de Tihange cessera de fumer, c’est tout un symbole qui disparaîtra du paysage belge.