Une rupture sociale annoncée chez IKEA à Liège ?

Une mobilisation visible dès le matin

Sur le parking du magasin, situé en zone commerciale de Hognoul (Awans), l’image était inhabituelle : près de cent membres du personnel se sont rassemblés devant l’entrée, selon nos confrères de L’Avenir. Pas de slogans agressifs ni de tensions avec les clients, mais une volonté ferme de rendre visible un malaise qui grandit depuis des mois. Les pancartes et les badges reflétaient un même mot d’ordre : « on ne peut plus continuer comme ça ».

Pourquoi les employés sont-ils épuisés ? 

Les témoignages font état d’un quotidien où chaque absence se transforme en casse-tête. Lorsqu’un collègue est en maladie ou part à la pension, les postes ne sont pas systématiquement remplacés. Résultat : ceux qui restent doivent enchaîner plusieurs missions, couvrir plusieurs rayons, parfois dans l’urgence. Aux heures de pointe, la pression monte encore : files plus longues, rayons à remettre d’aplomb en accéléré, et une fatigue qui s’accumule.

« des collègues se retrouvent isolés dans leur service, la charge est trop lourde, on est épuisés ». selon un représentant syndical de la CSC. Le message est sans équivoque  : sans moyens supplémentaires, la mécanique finira par casser.

Des demandes claires et concrètes

Les travailleurs ne réclament pas de privilèges, mais des mesures pratiques. Trois points reviennent dans la bouche de nombreux employés :

• Remplacer rapidement et systématiquement les longues absences pour ne pas faire peser la charge sur moins de collègues ;
• Renforcer les équipes aux heures critiques (week-ends, soirées, périodes de forte affluence) afin d’éviter l’épuisement ;
• Établir une planification lisible, partagée et mise à jour, pour que chacun puisse s’organiser et anticiper.

Ce sont des revendications terre-à-terre, qui visent à préserver la santé des équipes et à garantir une qualité de service cohérente avec l’image de l’enseigne.

Un précédent déjà en 2021

Ce n’est pas la première fois que le site liégeois se retrouve sous tension. En 2021, une grève avait déjà mis en évidence la fatigue et la frustration d’équipes confrontées au même problème : trop peu de personnel pour un volume de travail constant. Quatre ans plus tard, l’histoire semble se répéter, ce qui nourrit d’autant plus l’impatience des travailleurs.

La mémoire collective est tenace : beaucoup ont le sentiment que les alertes passées n’ont pas été entendues. La mobilisation actuelle se veut donc aussi un rappel : il est temps de passer des paroles aux actes.

Impact direct pour les clients

Si la grogne concerne d’abord l’interne, les conséquences se font sentir en surface. Les clients constatent des files plus longues en caisse, une moindre disponibilité du personnel pour répondre aux questions, et parfois des rayons réorganisés dans la précipitation. Les employés soulignent que redonner de l’air aux équipes profiterait aussi aux visiteurs, qui retrouveraient l’accueil et le confort d’achat attendu dans un magasin IKEA.

« Ce qu’on demande, c’est aussi pour les clients », explique un salarié. « Quand on est moins pressés et moins stressés, on peut mieux conseiller, mieux orienter. Tout le monde y gagne ».

Un premier échange avec la direction a eu lieu en fin de matinée. Les représentants syndicaux attendent désormais des engagements rapides et chiffrés. Côté direction, on assure avoir entendu la grogne et vouloir « trouver des solutions », mais les salariés attendent des mesures concrètes : embauches, remplacements systématiques et renforts aux moments clés.

La mobilisation de ce lundi n’est donc peut-être qu’un premier épisode. Les équipes ont montré qu’elles pouvaient se rassembler massivement. Reste à voir si l’enseigne donnera des réponses à la hauteur. Dans le cas contraire, le climat social pourrait de nouveau se tendre dans les prochaines semaines.