Pourquoi les éléphants sont-ils immunisés contre le cancer ?
Et si le combat contre les cancers n’en était qu’à son début ? C’est du moins ce que laisse suggérer cette découverte liée aux infimes et rares cancers que subit l’une des espèces les plus imposantes de notre planète. En effet, des scientifiques et chercheurs américains sont parvenus à expliquer pourquoi les éléphants ne devront vraisemblablement jamais prendre rendez-vous chez un oncologue.
Biologiste à l’Université de Californie à Santa Barbara, Vincent Lynch et son équipe se sont fixés comme objectif de comprendre pourquoi un si gros mammifère, composé de bien plus de cellules vivantes que l’Homme, ne développe presque jamais de tumeurs cancéreuses. Le constat de départ est paradoxal étant donné que le cancer est causé par une dégénération des cellules causée elle-même par des erreurs génétiques. Vu qu’un éléphant peut peser jusqu’à 7 tonnes, il serait donc logique de déduire que ses chances de développer un cancer soient proportionnellement bien plus importantes que celles qu’aurait une souris. Mais il n’en est rien.
Le paradoxe de Peto
Du nom de son expérimentateur anglais et expert en statistiques médicales à l’Université d’Oxford, ce constat explique pourquoi la présence plus ou moins fréquente d’un cancer chez les espèces vivantes n’est pas en corrélation avec le nombre de cellules qui composent l’organisme. Autrement dit, à carcinogénèse constante pour une cellule donnée, comprenez la transformation d’une cellule normale en cellule cancéreuse, nous n’observerons pas d’incidence plus forte chez l’éléphant que chez l’Homme.
L’équipe de Vincent Lynch s’est donc replongée dans son fascinant domaine d’expertise qu’est la génétique pour chercher d’autres indices et ont finalement pu découvrir que le responsable salvateur chez l’éléphant serait un gène « zombie » capable d’éliminer toutes les cellules trop endommagées et par conséquent susceptibles d’être à l’origine d’un cancer.
P53 et LIF6
Présent en un seul exemplaire dans le génome de l’être humain, P53 est ce gène capable de contrôler la santé des cellules et de diriger toute action de « réparation » lorsqu’une erreur génétique vient causer un dommage mineur pendant une mutation par exemple. Une première différence avec le génome présent chez l’éléphant réside dans son nombre : le doux colosse possède 20 fois le P53! C’est donc bien plus que chez l’Homme et, au passage, chez la plupart des mammifères.
Ensuite, une deuxième différence génétique non fonctionnelle ou quasi inexistante chez la plupart des êtres vivants s’appelle LIF6. Présent en nombre également plus important chez l’éléphant, LIF6 est ce gène prêt à répondre aux ordres donnés par P53, non pas de réparer une cellule trop endommagée, mais littéralement de la tuer. Ainsi, P53 s’occupe du contrôle et LIF6 s’occupe de la suppression. Un duo parfaitement gagnant pour contrer l’existence des cancers !
Progrès et avancée dans la recherche contre les cancers
Aujourd’hui, les actions de dépistage organisées par les fondations sont nombreuses, les recherches cliniques ne cessent pas, et les financements de projets en cancérologie sont réguliers. Mais l’arme ultime n’existe pas encore. Comme l’ont déclaré de nombreuses voix de la médecine à travers le monde, l’étude du professeur Lynch et sa découverte liée à la biologie évolutive sont particulièrement fascinantes et permettent de franchir un pas considérable dans la recherche contre le cancer, mais le chemin à parcourir reste encore assez long.
Chez l’éléphant, nous connaissions ses formidables capacités de sociabilité, de mémorisation, de puissance ainsi que certaines symboliques de sagesse, de douceur et d’indépendance que lui ont attribuées plusieurs cultures. Nous savons désormais que les puissantes défenses dont il dispose ne sont pas seulement celles en ivoire !
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