Qui a peur de Francis Lalanne ?
La France s’interroge. Le pays des Droits de l’Homme et de la liberté d’expression est en plein doute. Le chanteur Francis Lalanne est selon la presse française « visé par une enquête pour provocation à la commission d’atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation » ! Rien que ça
Qu’a-t-il donc fait de si répréhensible, notre barde un peu fou ? En janvier, il a signé une tribune dans le journal France-Soir où il demande la destitution du chef de l’État. La chose n’a rien d’illégal en France, elle est d’ailleurs souvent évoquée par les adversaires politiques du président.
Cette tribune, que peu de Français ont vraiment lue jusqu’au bout, a pourtant fait réagir l’entourage du président de la République française qui a demandé une enquête auprès du chanteur. Certes, celui-ci flirte un peu avec la politique, clame souvent son opposition, apporte un soutien sincère au mouvement des Gilets Jaunes, mais il est loin de représenter un danger sur le plan électoral. Son dernier score aux élections européennes, en mai 2019, était de 0,54 %.
En outre, ce n’est pas parce qu’un citoyen demande la destitution du chef de l’État que celle-ci va immédiatement être enclenchée. La procédure est en effet d’une extrême complexité afin qu’elle ne soit pas utilisée, par exemple, à des fins politiciennes.
Le gouvernement voudrait-il alors faire un exemple ? Ce serait pourtant une très mauvaise idée de condamner le chanteur. Cela signifierait une entreprise de bâillonnement de toute expression d’opposition en France. En outre, en voulant faire taire le barde, l’État risque de provoquer ce qu’on appelle un effet Streisand, c’est-à-dire faire malgré lui la publicité d’une tribune dont plus grand monde ne se souvient, et surtout d’attirer un mouvement de sympathie envers son signataire.
Il y a fort à parier que Francis Lalanne ne risque juridiquement pas grand-chose, puisque la justice n’est sauf erreur pas aux ordres du gouvernement (et c’est heureux !). C’est l’annonce en elle-même qui inquiète les citoyens français. Chercherait-on à intimider les opposants au pays des Droits de l’Homme ? On n’ose y croire.
À propos de l'auteur, Richard Coudrais
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